343, elles étaient 343, en 1971 à déclarer ouvertement à la face du monde :
"Un million de femmes se font avorter chaque année en France. Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples. On fait le silence sur ces millions de femmes. Je déclare que je suis l'une d'elles. Je déclare avoir avorté. De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l'avortement libre."
Parmi elles Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, Catherine Deneuve, Gisèle Halimi et 339 autres dont certaines aussi connues.
Pourquoi ? Pourquoi ? Une telle déclaration touchant à quelque chose des plus intimes. Parce qu’avorter à ce moment-là revenait à risquer sa vie. Parce qu’il était impossible de faire qu’une naissance soit toujours un bonheur. Parce que la femme perdait ainsi sa liberté, le droit d’asseoir sa position sociale, de travailler si c’était là son choix, parce qu’elle était maintenue dans son rôle de reproductrice, parce on gommait ainsi qu’elle pouvait être un individu comme un autrequi peut penser, décider, choisir, choisir,CHOISIR !!!
Puis, en 1975 seulement, les femmes ont gagné ; oui elles ont gagné le droit d’avorter en toute liberté, et gratuitement. De disposer de leur corps comme chaque individu, Mais aussi elles savaient que c’était là une étape incontournable vers l’égalité homme-femme. Celle-ci est un enjeu politique, pas un truc périphérique pour emmerder les mecs. Le chemin est dur et la lutte est toujours d’actualité : elle porte sur l’avortement mais aussi sur les violences sexistes, les retraites et les salaires «inférieurs à ceux des hommes», sur les tâches ménagères, la maternité obligatoire ou les portes du pouvoir trop souvent fermées… Mais en 1975 un pas avait été franchi que l’on croyait définitivement acquis.
Et voilà que quarante ans après une femme, oui une femme, déclare que les centres de planning familial sont des endroits d’incitation à l’avortement et que s’il y a des économies à faire c’est là qu’on peut les faire. C’est la déclaration de madame Le Pen à Rue 89 :
« Je dis, s'il y a un choix à faire, s'il y a vraiment des économies à faire, l'avortement est quelque chose qu'on peut éviter après tout, il y a des modes de contraception qui permettent d'éviter d'avoir une grossesse non désirée. Si j'ai un choix à faire, je vais l'assumer. »
Madame Le Pen est capable de ça ! De balayer d’un revers de main une lutte de dizaines d’années. Elle envisage le déremboursement de cet acte médical, et dénigre le travail de ces équipes.
Le Planning Familial est un mouvement militant, issu de l’éducation populaire, qui prend en compte toutes les sexualités, défend le droit à la contraception, à l’avortement et à l’éducation à la sexualité. Il dénonce et combat toutes les formes de violences, lutte contre
le SIDA et les IST (infections sexuellement transmissibles),contre toutes les formes de discrimination et contre les inégalités sociales.Voilà les mots sont lâchés le planning familial est ouvert à tous. N’est-ce pas là encore ce qui fait le plus peur à madame Le Pen ?
Grâce au Planning familial une femme quels que soient sa condition, son âge, sa confession est accueillie, écoutée. Et c’est là un acte de pure solidarité. Un lieu où l’on s’entraide, où l’on s’entraime. Le planning Familial est déjà atteint par les mesures du quinquennat de Mr Sarkozy, Madame Le Pen promet de faire plus fort.Encore une fois, il nous faut résister lutter pour maintenir des acquis, rien n’est plus définitif avec ces gens-là ! C’est une atteinte à la liberté, à la dignité des femmes c’est un recul pour notre société.
C’est donc une mesure de santé nationale de préserver ce droit. Que se passera-t-il si l’accès à l’avortement gratuit est supprimé ? Les femmes auront à nouveau recours aux faiseuses d’anges, à l’aiguille à tricoter et autres méthodes barbares ! Rassurons-nous, celles qui auront les moyens, n’auront aucun problème !
On sait déjà que les soins sont négligés en ce qui concerne les dents ou les lunettes, faute de moyens. Une femme qui souhaite avorter, le fera de toutes les façons. Le prix sera alors celui de sa santé, de sa fécondité et peut être même de sa vie. Est-ce là la société que nous voulons ? Ce n’est en tout cas pas celle que nous méritons !
Anne-marie Gallimard-Jimenez Comité PG 13-13