De toutes parts nous entendons parler de collectivités territoriales ou de regroupements de collectivités qui remettent en cause la gestion privatisée de l'eau et de l'assainissement et choisissent le retour en gestion publique.
Pour un exposé plus exhaustif de la question : Cf. (entre autres) le petit ouvrage de Gabriel Amard, « L'eau n'a pas de prix. Vive la régie publique » éd Bruno Leprince, collection « politique à gauche », à l'appel de Varages, à la fondation France Libertés etc... et la production du Parti de Gauche.
Tout humain et au delà tout ce qui vit, est usager de l'eau puisqu'elle est indispensable à la vie justement. L'essentiel de la population Française (mais pas toute), est raccordé à un réseau d'eau potable et d'assainissement. De ce fait la plupart des Français reçoit une facture émise soit par la régie publique qui en a la charge, soit par une régie déléguée, donc privée : essentiellement par l'une des deux « majors », Vivendi et Véolia. Ce lot commun des populations sur un sujet qui touche chacun, peut donc devenir un point d'accrétion de leur attention mais aussi moyen de prise de conscience de leurs intérêts communs et enfin un déterminant pour une action citoyenne et collective.
La question de la gestion de l'eau est en effet une bonne illustration du clivage idéologique entre une pensée libérale basée sur la production de la plus-value comme finalité, et une pensée progressiste basée sur la production de la richesse commune. En d'autres termes c'est une excellent démonstration que la marge que dégage Véolia ou Suez est inutile à la jouissance due à chacun d'un réseau d'eau potable, richesse commune, et du traitement des eaux usées, problème commun.
On peut donc facilement démontrer que la marge du concessionnaire privé n'est rien d'autre qu'un impôt privé (suivant l'expression de qui vous savez). A nous d'exploiter cela, d'en faire la démonstration par une action politique, didactique, d'éducation populaire. En effet « l'immédiateté » de ce sujet, puisqu'il concerne le porte monnaie peut permettre répétons le de capter l'intérêt de la population et l'inciter à se l'approprier en entrant dans le débat qui lui serait proposé. Ce débat doit être conduit partout dans une logique de proximité communes, quartiers, et plus globale à l'échelon de décision communauté de communes.
Une illustration de ceci : lors d'un précédent article j'évoquais la situation à Port Saint Louis du Rhône. Rappelons brièvement qu'un collectif informel local avait interpellé le maire et le président du SAN Ouest Provence quant aux conséquences de la construction de la station d'épuration sur la facture des usagers. L'argument suivant lequel ce coût serait minoré en raison de concours financiers publics divers (CG 13, Région PACA, Agence de l'eau etc) ne peut pas nous satisfaire. Tant que l'exploitation sera assurée par un concessionnaire privé cela revient à financer celui ci. Le maire de PSL s'est engagé à faire un audit sur les conditions de la privatisation et sur les modalités de la gestion par la SEERC (filiale Suez), notamment sur l'explosion des coûts facturés et le fait que l'entretien du réseau a été minimaliste (25 millions d'Euros pour le remettre en état alors que cela est facturé depuis 22 ans aux usagers).
Au delà les deux élus se sont engagés à lancer un débat à l'échelle du SAN sur le mode de gestion (nous approchons de la période ou les contrats de concession doivent être renouvelés). Il nous appartient donc de leur rappeler cette promesse et peut être même de lancer cette procédure si la célérité venait à leur faire défaut, ou si les modalités d'organisation de ce débat nous semblaient insuffisantes .
La question est : devons nous, Parti de Gauche, le conduire seul ou avec le Front de gauche, voire le cas échéant avec d'autres partenaires ?
Bien évidemment ce qui est dit sur l'eau peut être décliné sur tous les services publics aujourd'hui mis en cause (la loi NOME pour EDF avec ses nouveaux compteurs « big brotheriens » par exemple pour rester dans l'actualité) et sur d'autres domaines du secteur privé comme l'industrie pharmaceutique.
Les outils et personnes ressources (Michel Partage auteur de l'appel de Varages, Gabriel Amar, Vincent Porelli etc) ne manquent pas pour illustrer les débats qui seraient organisés, voire pour qu'ils soient plus attractifs qu'une réunion traditionnelle.
Je pense au film « Water Makes Monney », mais aussi à ce type de partenaires et d'actions :
http://www.le-pave-en-cevennes.info/
Georges Flangakis (Port Saint Louis du Rhône)
Comité PG 13-13