La parole est donnée à deux professeurs, responsables syndicaux qui, chaque jour, au contact de leurs collègues et de nos enfants, observent et vivent la terrible degradation de notre système éducatif
A) La FSU 13 :
Dans l'Académie, nous constatons une dégradation des conditions de travail des personnels enseignants et non enseignants. Quand je dis "nous", il s'agit des enseignants mais également de l'administration. A tel point que le recteur de Gaudemar a pointé dans le dernier bilan social de l'Académie tout à fait officiel que l'augmentation du nombre de jours d'arrêt pour maladie est de 25% d'une année à une autre. Nous avons interpellé le recteur sur ce fait, nous n'avons pas obtenu de réponse plus précise. Cela nous inquiète. Aujourd'hui, quand on fait le tour des établissements, collèges et lycées, on note des difficultés croissantes, liées d'abord à l'exercice du métier dans les zones prioritaires, ce n'est pas nouveau, mais la situation s'y aggrave. Mais également difficultés liées aux réformes en cours, on l'a vu récemment dans les discussions avec les séries techniques industrielles qui d'une façon générale se plaignent de leur situation. Ce n'est pas la violence au sens des comportements en quartier difficile, mais une violence exercée contre les personnels avec des réformes imposées par le haut, sans concertation et qui ne correspondent pas à leurs missions. Dernier volet, c'est ce que l'on nomme le "new public management", les collègues, tous niveaux confondus, ont vraiment le sentiment profond qu'il y une volonté de changer la façon de gérer le personnel et aujourd'hui on ne peut plus faire une réunion dans un établissement sans qu'il y ait la présence d'un personnel d'encadrement. On ne peut plus prendre d'initiative dans le cadre de la liberté pédagogique sans être cadré par l'administration. Ce qui se dessine avec la réforme de l'évaluation des enseignants et la suppression de la double évaluation chef d'établissement-inspection c'est la mise en place d'un super chef qui va concentrer tous les pouvoirs, que la dualité administrative et pédagogique va disparaître au profit d'une administration qui va raisonner en termes de critères purement administratifs ce qui nie la réalité de ce métier. Tout ceci n'est pas un trait d'égalité avec ce qui s'est passé à Béziers bien entendu mais cela relève d'une dégradation des conditions de travail. Nous sommes inquiets. Une fois les élections professionnelles passées et mises en place les nouvelles instances, nous allons saisir le Comité d'hygiène académique pour que l'on ait un vrai débat sur ces questions et que l'on puisse élaborer avec l'administration des plans de gestion. Par ailleurs, nous allons proposer à tous nos collègues, dès le retour des vacances de novembre, d'ouvrir ce chantier, de commencer à parler collectivement des conditions de travail dans les établissements, au niveau d'une discipline, ou d'un iveau d'enseignement pour que la profession ait une véritable expression. Ce qui est en question est l'isolement croissant des enseignants dans leur métier et qu'il est porteur d'une crise potentielle et de situations extrêmes comme elle a été vécue à Béziers.
B) SNU ipp 13 :
Nous avons toujours connu des collègues en difficulté, qui avaient un peu plus de mal que d'autres. Mais il y a désormais une généralisation de cette souffrance qui dans la plupart du temps reste une difficulté à vivre son métier et ses transdes formations perçues très négativement, liées à beaucoup d'inquiétudes sur l'avenir de l'école et du métier d'enseignant. Mais existe aussi une souffrance plus pointue liée aux pressions de la hiérarchie, à l'impression de ne pas pouvoir faire face à la somme de travail demandé, aux injonctions de l'administration. C'est cette souffrance qui est inquiétante et nous fait peur. Quand on voit ce qu'elle a généré dans de grandes entreprises comme France Télécoms en particulier, nous sommes inquiets et nous appellons solennellement notre ministère à mettre en place une médecine du travail, avec prévention et suivi au plus près des personnels enseignants.
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